Elections de mi-mandat : le bilan

Admin Nombre de messages : 970 Age : 39 Date d'inscription : 11/04/2006

Citation :: Quel est le nouveau rapport de force au Congrès ?

Il est totalement inversé. Les républicains contrôlaient à la fois la Chambre des représentants et le Sénat. Les démocrates sont désormais majoritaires dans les deux chambres.

* Chambre des représentants. 435 sièges (majorité : 218)

- Démocrates : 229
- Républicains : 206

* Sénat. 100 sièges

- Démocrates : 51
- Républicains : 49

Quelles conséquences aura cette "cohabitation" entre Bush et les démocrates ?

Le président, qui pouvait s'appuyer sur une majorité totalement acquise, ne prenait jamais en compte l'avis de l'opposition, aussi bien en matière de politique intérieure que de politique étrangère. Cette époque est révolue. Sous la menace de devenir un "canard boiteux", il devra désormais faire preuve de moins d'arrogance. De l'autre côté, les démocrates resteront sous la menace d'un veto présidentiel, qu'ils ne pourront pas annuler -il faut une majorité des 2/3 des représentants et des sénateurs, qu'ils ne possèdent pas.

"Pour éviter d'être responsable d'une situation de blocage, la majorité et Bush seront donc obligés d'aboutir à des compromis. Sur certains sujets populaires (salaire minimum, retraites, système de santé), Bush cherchera d'ailleurs à en à obtenir le crédit" explique Frank Baumgartner, professeur en sciences politique à l'université Penn State, en Pennsylvanie. Lors de sa première conférence de presse après la défaite, le locataire de la Maison-Blanche s'est d'ailleurs montré très prévenant et a tendu la main aux vainqueurs pour mettre en place cette "nouvelle ligne", notamment à Nancy Pelosi, la prochaine "Speaker" (présidente) de la Chambre des représentants, avec qui il a souvent été en froid.

Il faut enfin noter que ce type de configuration est très courant aux Etats-Unis. Bush se retrouve ainsi dans la situation de Bill Clinton entre 1994 et 1996.

Bush garde-t-il la main en matière de politique étrangère ?

Oui. Il reste le commandant en chef de l'armée. Il restera donc le principal décisionnaire sur la suite de la guerre en Irak. Sur ce problème, la marge de manœuvre des démocrates est étroite. "Grâce à leur victoire à la Chambre, ils vont pouvoir demander à ce que le coût de la guerre soit annoncé clairement sur le plan budgétaire. Mais surtout, ils vont devoir amener leur propre solution. Or jusqu'à présent, ils n'ont rien proposé, se contentant seulement de critiquer" souligne Frank Baumgartner.

Que signifie la démission de Rumsfeld ?

Le secrétaire de la Défense, "faucon" parmi les faucons, représentait à lui seul toutes les erreurs de l'administration républicaine sur la guerre en Irak : préférence donnée à la sophistication technologique sur l'envoi de troupes au sol, stratégie bâclée pour maîtriser une guérilla prévisible à la fin de la guerre... Sa démission était réclamée aussi bien par les démocrates que par de nombreux républicains, ainsi que par plusieurs officiers de haut-rang. Etant donné que le scrutin était devenu un référendum déguisé sur la guerre, Bush a donc signifié qu'il avait entendu le message des électeurs en sacrifiant son ministre.

Quels changements à attendre en Irak ?

Le nouveau maître du Pentagone, Robert Gates, est loin d'être une "colombe". Mais il a une réputation de pragmatique. Sa mission est évidente : mettre en place une nouvelle stratégie puis sortir les "boys" du bourbier dans lesquels ils sont engagés. Il ne faut pour autant pas s'attendre à l'établissement d'un calendrier précis et à un départ rapide. Le désengagement pourrait se faire en douceur -comme l'avait fait Nixon au Vietnam à partir de 1969- le temps de former les troupes irakiennes à assurer la sécurité du pays.

Qui a marqué des points pour la présidentielle 2008 ?

La bataille pour les primaires, qui débuteront en janvier 2008, a commencé dès le mercredi 8 novembre au matin.

Côté démocrate, Hillary Clinton, grâce à sa réélection triomphale comme sénatrice de New York (67% des voix), semble avoir pris une longueur d'avance sur les autres prétendants. Parmi eux, Barack Obama, le sénateur noir de l'Illinois, a marqué des points, sans pourtant concourir -il a été élu en 2004- mais en parcourant le pays pour soutenir les candidats du parti de l'Ane. A l'inverse, John Kerry a commis une gaffe (une mauvaise blague qui pouvait laisser penser qu'il comparait les soldats présents en Irak à des idiots) qui pourrait lui coûter ses maigres espoirs d'être investi deux fois consécutivement.

Côté républicain, les deux favoris -l'ancien maire de New York Rudolph Giuliani et le sénateur de l'Arizona John McCain- n'étaient pas en lice. Le second, à l'opposé de Bush sur de nombreux sujets, représente toujours une manière de sortir de l'ère du néo-conservatisme pour le parti de l'Elephant.